Présentation |
Le tourisme est un moteur essentiel de la croissance mondiale : plus de 1 milliard de touristes internationaux, 200 millions d'emplois…Pour nombre de pays du sud, le tourisme représente une source essentielle de devises, un gisement important d'emplois, un moyen efficace d'amélioration des grandes infrastructures. Mais la médaille a ses revers : les entreprises du nord accaparent l'essentiel de la manne touristique, les emplois sont le plus souvent précaires et mal payés, le tourisme de masse, globalisé, concentré et capitalistique, provoque de lourds dégâts environnementaux et sociaux, avec, dans trop de cas, les dérives que l'on connaît, mendicité, drogue, prostitution, etc. Mais un autre modèle de développement touristique existe. Il s'agit d'un tourisme de territoire capable de valoriser les potentialités et les ressources locales, un tourisme maîtrisé par les populations et à leur profit. Diffus, fondé davantage sur le capital social que sur le capital financier, ce tourisme est constitué d'un maillage de petits établissements, de gîtes, d'auberges, d'hôtels, de tables et de maisons d'hôte, d'activités environnementales, sportives et culturelles qui irriguent le territoire. Ce tourisme protège et valorise les ressources naturelles et le patrimoine. Il valorise les produits de terroir, fabriqués par les artisans et les agriculteurs locaux et que le touriste peut trouver dans les commerces de proximité et les " maisons de produits de pays ". Ce modèle a un lien naturel très fort avec l'économie sociale et solidaire. Il est porté, soutenu, appuyé par des associations, des réseaux, des unions et des fédérations. Il implique directement les gouvernements locaux qui soutiennent et appuient les initiatives des opérateurs de terrain. Ce modèle, dont les valeurs premières restent la participation, la solidarité, le partenariat, l'intégration, l'autonomie, l'indépendance, ne peut fonctionner que dans le cadre d'une démarche de développement local qui a pour fondement la mobilisation conjointe et concertée des acteurs d'un même territoire, espace commun de vie. Ce modèle n'a rien d'utopique. Il constitue un élément essentiel du développement touristique de pays comme la France ou l'Italie. Des pays comme le Mexique, la Bolivie ou l'Equateur, ont, depuis des années, fait le choix d'une politique et d'une stratégie de développement touristique qui apporte un soutien aux initiatives des communautés indigènes. "Les entreprises communautaires de tourisme" s'y développent très rapidement. Elles sont déjà plus de 2500 au Mexique. A priori, l'expansion du tourisme, qui va de pair avec l'augmentation de la richesse d'un nombre croissant d'habitants de la planète, ne semble pas devoir s'arrêter, même si les crises financières,économiques et sociales, provoquent déjà de sérieux à-coups. Mais c’est la grave crise environnementale qui se profile, avec le bouleversement climatique en cours et ses séquelles, qui n’épargneront ni le nord ni le sud, qui va contraindre, de gré ou de force, à un changement du modèle. L’avenir du tourisme international fondé sur des énergies fossiles abondantes et bon marché, génératrices de gaz à effet de serre, est compromis. Et ceci semble inéluctable. Il est donc urgent de promouvoir un modèle de développement touristique alternatif à un modèle dominant qui externalise les coûts supportés par les populations locales et leur environnement naturel, et internalise les bénéfices qui vont aux grandes entreprises touristiques. Sur le terrain, les initiatives locales se multiplient, portées le plus souvent par des organisations de base, mais aussi par des gouvernements locaux et nationaux, appuyées par des agences de coopération et des bailleurs de fonds internationaux. Depuis longtemps déjà, l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) appuie ces initiatives locales, considérées comme un « vecteur de lutte contre la pauvreté ». C'est le tourisme des « 4 R », le R de Répartition équitable de l'argent du tourisme, le R de Responsabilité, celle du voyageur, celle de l'hôte et celle de l'intermédiaire, le R de Respect de l'environnement et de respect du patrimoine et le R de Rencontre avec l'Autre. Il s'agit d'un tourisme où l'on prend son temps, le temps de parler, le temps de découvrir, le temps d'échanger, le temps de comprendre, de temps de s’apprécier. Promouvoir ces formes alternatives de tourisme est le but du FITS, le Forum International Tourisme Solidaire, au croisement de l’économie sociale et du développement durable, créé en 2003 par des organisations touristiques provençales avec l'appui de la Région Provence Alpes Côte d'Azur et du gouvernement français et sous le Haut patronage de l'OMT et de l’UNESCO. Les FITS successifs, à Marseille, en France, en 2003 et en 2008, au Chiapas au Mexique en 2006, à Bamako au Mali en 2008, à Tiznit au Maroc en 2012, à Granada au Nicaragua en 2014, ont tous eu le même souci de permettre les rencontres, les échanges de bonnes pratiques entre acteurs locaux et nationaux du tourisme et du développement durable. La nouvelle édition du FITS aura lieu à Tataouine en Tunisie du 4 au 7 octobre 2015. Porté par le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) et les organisations tunisiennes de la société civile, financé par la Sté tunisienne ETAP, appuyé par ACT, la région Provence Alpes Côte d’Azur, la coopération suisse et l’Institut Français de Tunisie, ce 7° forum est placé, comme les précédents, sous le Haut Patronage de l’Organisation Mondiale du Tourisme et de l’UNESCO. Il a le même souci de promotion du tourisme alternatif dans ce pays, d'appui à la structuration d'un mouvement national et de renforcement d'un mouvement international plus que jamais d’actualité. |
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Le
voyage permet la rencontre |
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Jean-M.
Collombon |